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La professeure Hélène Belleau fait éclater le mythe du mariage automatique

14 février 2012

Mise à jour : 11 novembre 2020


Le Québec est la seule province au Canada qui n’a pas encore procédé à l’encadrement juridique de l’union de fait, bien que 34 % des couples québécois vivent en union libre, ce qui représente un record mondial. Comment expliquer une telle situation? La professeure Hélène Belleau du Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS a réalisé la première enquête sociale prenant le point de vue des citoyens sur cette question. Les résultats de cette enquête sont publiés dans un livre qui vient de paraître aux Presses de l’Université du Québec sous le titre Quand l’amour et l’État rendent aveugle. Le mythe du mariage automatique. Ils sont sans équivoque : très peu de personnes ont des connaissances sur le statut et les implications de légales de leur union.

 

Dans ce livre, la professeure Hélène Belleau débusque le mythe du mariage automatique, soit la croyance populaire très répandue selon laquelle l’encadrement légal est le même pour les couples mariés et en union libre après quelques années de vie commune ou l’arrivée d’un enfant, ce qui est faux. Rédigée dans un langage simple et accessible, cette étude de l’INRS est la première à s’intéresser au point de vue des Québécois sur cette question, en plus d’apporter un éclairage sociologique sur l’augmentation des unions libres au Québec et de contredire plusieurs idées reçues à ce sujet.

 

Des conclusions qui ébranlent beaucoup d’idées reçues

L’enquête réalisée par la professeure Belleau montre qu’une part très importante des couples en union libre ignore tout des implications légales de la vie conjugale et se croient mariés après quelques années de vie commune. Cette confusion vient notamment du fait que, depuis 1993, les conjoints de fait sont traités comme s’ils étaient mariés dans  les lois fiscales du Québec et du Canada après un an de cohabitation. « Depuis plus de 40 ans, l’État québécois envoie des messages contradictoires à la population, ce qui conduit un grand nombre à croire au mythe du mariage automatique. Si les couples en union libre sont assimilés aux conjoints mariés par les lois fiscales, ils sont presque absents du code civil et n’ont pas de responsabilité légale l’un envers l’autre », constate la chercheuse.

 

La décision de se marier ou non est liée à des considérations symboliques, familiales, affectives et les questions légales sont rarement prises en compte. Contrairement aux idées préconçues, rares sont les couples en union libre qui ne veulent pas se marier parce qu’ils rejettent l’encadrement légal du mariage.

 

L’évolution des termes « chum » et « blonde » et de leur usage de plus en plus inclusif au Québec même par les couples mariés sont des révélateurs très significatifs des transformations de la perception du mariage dans cette province. Le mariage serait désormais associé avant tout à une question de croyance et au domaine privé.

 

L’auteure

Sociologue de formation et professeure au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS, Hélène Belleau est une spécialiste des questions touchant la gestion de l’argent au sein des couples, l’union libre et l’encadrement légal de la vie conjugale, les représentations sociales de la vie conjugale et la transformation des valeurs familiales. Membre d’importants réseaux de recherche sur la famille et les jeunes, elle dirige la Revue internationale Enfances, Familles, Générations. La professeure Hélène Belleau a également codirigé avec Agnès Martial le livre Aimer et compter, qui s’intéresse aux relations entre les conjoints sur le plan économique et matériel.

 

Dans le webzine PlanèteInrs.ca de janvier 2012, la professeure Belleau fait état de ses recherches sur le mythe du mariage automatique.